[invité spécial] La Marathon Race d’Annecy de Marc
Quand un ami prend le temps de raconter par mail sa première expérience en « trail de montagne », c’est difficile de laisser le texte se perdre dans une boite aux lettres ou parmi les méandres de Facebook…
J’en profite donc pour inaugurer la catégorie « invité spécial » et partager un nouveau récit de course ! Je suis persuadé qu’il vous plaira et que vous prendrez bien soin de noter les petites erreurs qui s’accumulent et finissent par couter cher. J’en ai fait certaines, et d’autres sont « presque faciles » à corriger. Mais il ne faudra quand même pas oublier le principal : terminer un premier trail alpin !
Marathon Race d’Annecy … sans carburant…
Fin 2016, j’ai décidé que 2017 serait une année trail, pour changer un peu de la route, et pour retenter la montagne, à laquelle je ne me suis essayé qu’une fois, fin 2013, au Belfortrail : 54 kms, 2800D+, dans des conditions météo épouvantables, les trois quarts de la course sous des trombes d’eau, de l’eau jusqu’aux chevilles dans les monotraces. L’expression « mais qu’est ce que je fous là » avait occupé ma journée mais j’avais fini en 8h20. J’ai aussi fait l’Ecotrail de Paris 80km en 2015 et le 45km cette année, mais mon expérience Trail se résume à cela. J’avais envie de montagne à nouveau, dans un cadre superbe et en espérant le soleil. D’où le choix pour la Marathon Race autour du lac d’Annecy, 42kms (plutôt 40,7 en fait), 2800D+. C’est le demi tour du lac, le plus joli paraît-il. La maxi-race fait le tour complet mais trop long, trop de D+, je débute…
En arrivant vendredi soir à Annecy, je suis vraiment content, j’ai vraiment envie de faire cette course, il va faire beau, top!
Là c’est dimanche soir, je suis dans le TGV retour et je fais le bilan… à chaud.
Du soleil il y en a eu c’est sûr, trop même et il a fait très très chaud (29° vers midi), mais c’est mieux que la pluie… À noter que l’essentiel du parcours est ombragé, et sans cela je pense que la course d’aujourd’hui n’aurait pas pu se courir.
Des paysages superbes, j’en ai eu aussi, avec une mention spéciale pour la partie haute de la montée vers le 1er sommet, le pas de l’Aulp, et la vue sur le lac depuis le second sommet, le mont Baron. A noter aussi un passage sous un névé qui résistait au printemps, marrant…
Mais j’ai aussi pas mal souffert, plus que je le pensais clairement… et ce pour trois raisons.
1 – je n’avais pas beaucoup de jus
Je l’ai senti dès le départ, pas de « jambes qui avancent toutes seules » comme généralement quand j’ai bien géré la « régénération » en fin de plan d’entraînement. Mauvais jour ? Peut-être mais surtout de la fatigue accumulé non récupérée. J’ai peut-être fait un peu trop de kilomètres, un peu trop vite, ces dernières semaines : le Marathon de Sénart « sortie longue » en 3h26 à J-4 semaines, deux sorties longues de 36 et 39 km en ~3h 30 les deux semaines suivantes, le Run & Bike 10km de Vaucresson à J-1 semaine, deux sorties VTT de 30 km mercredi soir et jeudi matin juste avant la course, et pas mal de trottinette la veille de la course pour visiter Annecy.
Je ne regrette pas pour autant parce que … c’était bien toutes ces sorties, notamment le marathon de Sénart où je me suis littéralement « baladé » dans une forme exceptionnelle, avec toute ma famille sur le parcours et mon fils sur les 4 derniers kilos; et puis le run & bike, remporté en master mixte avec ma chère et tendre. Mais bon ça n’a pas dû aidé.
2 – Je me suis complètement planté sur mon plan de course
J’avais qu’à pas en faire un me direz vous, c’est un trail plaisir, pas la recherche d’un chrono…
Cette année, les organisateurs avaient mis en place des SAS au départ, sur la base des points ITRA des coureurs. Fort de mes deux Ecotrail, j’étais dans le 1er SAS juste derrière les élites et les « amateurs qui déchirent », et on me pronostiquait une arrivée entre 5h30 et 6h30. Confiant sur ma forme, et ayant fait quelques simulations montées/descentes, j’ai fait un plan 5h30 un poil ambitieux, 6h en temps max (par comparaison aussi avec mon Belfortrail de 2013). Un poil ambitieux, ah ah ah…carrément complètement déconnant, et pas seulement parce que je manquais de jus aujourd’hui, dans l’absolu. C’est moins un manque d’humilité (quoique) qu’une méconnaissance de la réalité du parcours… et de mes capacités sur ledit parcours.
J’avais simulé de monter à 5,3km/h et descendre à 11km/h. La montée vers le 1er sommet, le plus haut, je l’ai faite en moyenne à ce rythme… mais un peu en sur régime versus ma forme et le fait qu’il y avait un deuxième sommet ensuite ;)… mais bon je suivais mon idiot de plan de course. Mais la grosse erreur c’est la descente… 11 km/h c’est vraiment trop au regard de la pente, très raide et caillouteuse… une machine à casser les cuisses, zéro repos, qu’on freine ou qu’on lâche les chevaux. Au bout de 500m de la 1ère descente, j’ai vu que c’était mort…, je plafonnais à 10 au début, puis moins, en tirant vraiment sur les cuisses, qui répondaient pas. Et je dois dire que j’aime pas les longues descentes raides, pas de plaisir, c’est trop physique, trop long. Je préfère monter, largement. Mon cœur est plus performant que mes cuisses :)
Cette erreur de plan de course, pas grave en soi, a quand même influé pas mal sur ma course car je me suis usé trop vite au départ et cela a impacté mon mental. A Villard Dessus, km 21, à la fin de la 1ère grosse descente, j’ai décidé de ralentir (pas vraiment le choix en fait ;) et de passer en mode « plaisir / tranquille » uniquement, mais sans jus et sous la chaleur, il ne suffit cependant pas de le « décréter » ;)
On voit quand même bien la transition sur la courbe de mon cardio qui baisse sur la seconde moitié de course.
3 – Je n’avais vraiment « plus de jus » sur les deux dernières heures de course
Je parle pas de mon énergie, je parle d’eau…! J’ai géré comme un pied, refaisant le plein (1,5L) au km21, alors que c’était pas nécessaire pour atteindre le ravito de Menthon au km 27, mais ne le refaisant pas au dit ravito. Et panne sèche à 300m (en dénivelé) du sommet du mont Baron…et plus de ravito sur le parcours. Le con ! J’ai consommé trois fois plus que d’habitude. Court espoir en croisant un bénévole qui nous annonce un ravito non officiel un peu avant le sommet… mais tous les bidons étaient déjà vides quand j’y suis arrivé. Au sommet, un bénévole m’a rempli « une fois » mon gobelet, car il avait peu d’eau et que je n’étais pas le seul boulet. C’était mieux que rien mais bien trop juste. Alors j’ai décidé d’uriner pour remplir ma gourde… Non je déconne, j’ai fait le chameau…mais sans les bosses.
La fin de la montée a été dure, avec des gros passages à vide, obligé de m’arrêter, mais j’ai pas vomi (contrairement à certains concurrents croisés pas en très bon état), mais quelle belle vue en haut. Dans la descente, j’ai couru d’abord, un peu, puis beaucoup marché… pour ne recourir qu’à la toute fin de la descente et sur le dernier km de plat final, parce qu’on finit pas un Trail en marchant quand même ;), même sous le cagnard du bord du lac, nullement ombragé lui, une étuve.
Au final, je termine en 6h55, 403ème sur 1465 finishers, 5.7km/h de moyenne, moins bien qu’au Belfortrail (6.46km/h). J’étais 234ème au 1er sommet, 280ème en bas, 379ème au second sommet. Gestion de course bof donc mais je l’ai fait, et j’étais fier d’arriver. La baignade « décrassage de poussière » qui a suivi dans le lac était top aussi, une fois bu un litre d’eau quasiment d’un coup :)
What is next?, je sais pas … J’avais envisagé le Trail de la grande Casse à Pralognan fin août, 65km, 3850D+. Euh là ce soir je suis pas sûr, à moins que ça descende beaucoup plus lentement que ça monte ;)
Je suis sûr que dès demain, je voudrai recommencer, cela reste des épreuves d’endurance incroyables … et j’aime ça.
En parlant d’incroyable, je finis en évoquant Caroline Chaverot que j’ai vu arriver samedi en vainqueur de l’ultra race, 110km 7000D+, en 15 heures, 5ème au scratch, 2 grosses heures après l’intouchable François d’Haene. J’étais déjà très impressionné hier, je le suis encore plus après mon périple d’aujourd’hui. Chapeau bas Madame.
Très sympa ce récit, moi qui n’ose pas encore me frotter à la montagne, j’aime beaucoup cette façon simple de voir les choses. Grosses félicitations en tout cas, finisher, c’est le principal, le chrono c’est secondaire, surtout en trail!!!
Je confirme, le jours de la course, on se dit plus jamais ça ! Et quelques heures plus tard on se surprend en train de cliquer sur le bouton valider de la prochaine course ! :)
Personnellement, je m’oriente aussi vers les trails l’esprit et les sensations ne sont pas les même !!
Je confirme. Je me suis inscrit hier soir au trail Gapen’cimes pour fin septembre ;-)
Bravo! Beau chrono qd mm. Je suis lojn du compte mais j’ai pris énormément de plaisir pour une première expérience. Mon récit est ici: https://positive-nation.net/2017/05/31/8h29-pour-42-km-en-montagne-je-lai-fait/
Bravo également. Ai lu ton récit. Donc si je comprends bien, 20kms de plus et on se rejoingnait, toi en accélération tout le long, moi en décélération ;-)
[…] devait à l’origine se courir avec quelques copains, mais ce ne sera finalement qu’avec Marc. Les autres se sont blessés ou dégonflés […]