Marathon de Lyon : récit

Marathon de Lyon : récit

10 octobre 2013 39 Par julien

Le panneau du 9ième kilomètre est largement passé. 32′ de course. Je suis largement dans les temps pour boucler ce marathon de Lyon. Le bitume défile vite sous mes pieds. Sans savoir pourquoi, je rentre dans ce restaurant. J’arrive à l’étage, en mezzanine. Il y a du monde. Je saute par dessus la balustrade pour revenir au rez de chaussée et ressort aussi sec. C’est reparti. Virage à droite. La rue monte. Merde, mais où est le parcours ? J’aperçois un bénévole. Il a les bras remplis de rubalise. C’est surement mon regard interloqué qui lui fait se rendre compte de ma situation. Il me dit que la course est finie mais m’indique vaguement une direction à suivre. Je sprinte une peu mais je suis perdu ! Il est 3h45 du matin. Je me réveille en sursaut. Le vrai départ de Run in Lyon n’est que dans cinq heures…

 

Cinq heures plus tard, nous (Mag avec qui je partage le même objectif de 3h15, et Lionel qui pour son 3 où 4ième marathon espère comme toujours finir, et si possible sous les 4 heures) nous retrouvons place Bellecour. Les copines Marie et Nath sont aussi là pour le 10 bornes. C’est une des particularités de Run in Lyon, les 3 courses, 10, 21 et marathon de Lyon partent en même temps, sur les même parcours.

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Après un bref échauffement au calme dans les petites rues, on se faufile dans un sas bondé, tassés dans un rue trop courte et trop étroite pour un tel événement…

Le meneur d’allure ‘3h15’ et son ballon n’est pas très loin devant. Il le restera pendant 42 kilomètres… Tout est paré, la météo parfaite, le petit déj oublié, les munitions prêtes (5 gels et une pâte d’amandes) et j’ai dans les mains une petite bouteille (de l’eau, une bonne pincée de sel et du sirop d’agave) et une pompote de mes filles. J’ai prévue ça en « ration d’attente » pour l’échauffement et le début du parcours, mais je n’y ai pour l’instant pas touché.

 

Top départ !

Il y a beaucoup de monde, à des rythmes pas vraiment en phase avec leur positionnement… mais c’est malheureusement habituel… Mais cela assure au moins un départ pas trop rapide. La concentration est là, mais je profite déjà du parcours : Quais de Saône, place des Terreaux, quais du Rhône. On tournicote pas mal, mais c’est surtout un bon moyen pour saluer Yoyo qui suit à son rythme derrière nous.

Le ravito du kilomètre 5 est sauté. J’ai déjà pris la moitié de ma compote pour apporter du carburant avant d’en manquer. Les sensations ne sont pas extraordinaires, pas mauvaises, mais plutôt absentes comme si je ne ressentais rien. Mais on avance en papotant, toujours un œil sur le chrono. On passe avec 2 secondes de retard sur le plan ;)

 

On approche du Parc de la tête d’Or, je rejoins Grego c’est presque un rituel sur mes courses (Paris-Versailles, SaintéLyon). Il est sur le semi avec un objectif d’allure très légèrement supérieur au notre, mais préfère temporiser (tout ça pour finir à moins d’une minute de notre chrono au 21ième…) ça fait quand même plaisir de croiser des têtes connues !

10 kilomètres. 37″ d’avance. Cette partie du parcours est vraiment agréable, dans un des plus gros spot de running de Lyon. Le public est assez présent, un groupe met l’ambiance. On discute un peu avec un « bleu » (les jaunes font le 10, les oranges le 42) qui vise moins de 1h40. Mais du coup Mag se laisse distraire et je dois retendre la laisse plusieurs fois pour pas qu’il ne s’envole ;)

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La suite du parcours nous ramène dans la Presqu’île. Les coureurs encore nombreux malgré la « perte » de ceux du 10 kilomètres. Mais en quelques traboules, on se retrouve sur les quais de Saône. L’ambiance tombe d’un coup. Le semi est plié en 1h36’56 (avec 8″ d’avance) et une longue ligne droite qui a un air de déjà vu nous appelle. Instinctivement, je recherche d’autres coureurs, pour l’aspiration, le rythme. Mais la mayonnaise ne prend pas. Alors on trace en direction du quartier de Confluence…

Je fais un petit point avec mon compère. Jambes, alimentation, mental… je commence à être chaud pour lui. Vers le 26ième, Mag dégaine une barre comme prévu mais j’entends sa foulée devenir plus lourde. Il entre doucement mais surement dans le dur. On échange brièvement ; ses jambes grincent mais tournent encore comme prévu. Mais manger et parler, c’est juste bon à attraper des points de cotés ou perdre de l’énergie inutilement. Du coup je lui dit de se taire pour ne pas s’essouffler, et de manger « tranquillement » pendant que je fais le rythme.

C’est clairement la partie la moins sympa de ce marathon Run in Lyon. Les quartiers en plein travaux ont des faux airs de zone industrielle… On passe devant le palais des sports. A 2 mois de la 60ième édition de la SaintéLyon, c’est aujourd’hui la sortie longue du plan d’entrainement ;)

runinlyon-fanclub Au 30ième le fan club de Mag est là et ça fait du bien ! Le timing est toujours bon (2h18’06 – 26″ de retard). On traverse le stade de Gerland. Mon fan de l’ASSE n’y résistera pas… Un gel, une bouteille au ravito et on enchaîne sans arrêt comme depuis le début. Mais la course de Mag bascule. Et la mienne aussi par la même occasion. J’essaye de l’emmener mais cette fois cela ne suffira pas. La fin ne sera que pour moi.

 

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Huit kilomètres de ligne droite au bord du Rhône nous attendent. Je les avait repérés. Je crains le vent, alors je prend pour cible un petit grupetto 400m devant. Je fais l’effort pour le rejoindre. Il y a 3 coureurs dont une féminine et 2 accompagnants. Le temps des formules de politesse et des encouragements, j’annonce franchement mon attention de rester derrière le temps de récupérer de mon effort. Ils sont là pour ça alors cela ne les dérange pas.

Un « lièvre » me dit qu’ils tournent en 4’36, mais je ne sens pas le rythme et me résous à leur fausser compagnie après peut-être 800 mètres. Tant pis pour eux.

De mon coté cela me motive encore plus. Durant toute cette ligne droite j’ai eu constamment l’impression d’accélérer, en étant très fort (même si mon allure n’a pas bougé d’un iota!) C’était presque grisant ;)

Mais je reste hyper concentré. Il me faut bien ça pour continuer mes additions : ajouter environ 4’30 à chaque kilomètres me prends bien 500 mètres pour trouver mes temps intermédiaires. Je connaissais par cœur ceux tous les 5km, mais pas tous les kilomètres…

Rapidement mes calculs montrent que je suis un peu en avance. ça devrait finir entre 3h13 et 3h14.

36, 37, 38 kilomètres… Le public est très présent et encourageant. C’est mon moment d’auto satisfaction, avec un enchaînement de « allez Julien » « bravo Julien »,  « belle allure, c’est bien continue », ou encore : « c’est trop court pour toi le marathon » ! La PPG et la foulée minimaliste – économique font leur effet ;)

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Je continue mon accélération virtuelle. Une dernière épingle me renvoie vers le pont de l’université. C’est un chance qui me permet de croiser Mag, planqué sous sa casquette, que j’encourage à lever la tête et à s’accrocher, puis Yoyo qui à l’air bien. Avec son micro training et sa diététique à en faire tourner de l’œil un BabaOrun, je ne misais pas un billet sur ses moins de 4 heures. Il me fera mentir avec un beau 3h54 !

De mon coté je sens que la fin est proche. Mon prénom affiché sur mon dossard est très efficace pour booster encore la motivation. Je suis maintenant sûr de finir dans les temps. Pour la première fois je visualise l’arrivée, le long de la place Bellecour (je l’ai repérée, contrairement à Grego ;) )

Sauf que l’organisation nous a réservé quelques surprises : une première pour remonter du quai : la rampe est courte, mais raide quand on a un peu plus de 41 bornes dans les pattes. Surtout qu’il faut encore faire un 180° une fois en haut pour repartir en direction du pont de l’université. La deuxième arrive de l’autre côté du Rhône avec encore une cinquantaine de mètres à un bon 8% !

Moi qui pensait finir tranquillement, je dois m’employer pour rester dans les temps, encore une fois bien porté par le public.

 

 

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Le panneau « 42km » est là. Je franchis la ligne en 3h14’21 » avec un grand sentiment de satisfaction. C’était dur, mais j’ai fini sans souffrance, sans avoir mal aux jambes (ça me change de ma dernière course..) ni aux pieds (j’ai couru ce marathon en chaussures assez minimalistes : des Mizuno Levitas).

Dans l’aire d’arrivée c’est monsieur SandRunning qui me tire un chouette portrait. Mes jambes rapelle quand même que j’ai couru 42 kilomètres et se raidissent d’un coup. Je me pose tranquillement sur le trottoir pour manger ce qu’il me reste, une pâte d’amandes, qui a un vrai gout de récompense…

Mag arrive quelques minutes plus tard. La fin a été plus compliquée pour lui et sa tête bien assortie à sa casquette montre qu’il n’en a pas gardé beaucoup sous la semelle (pleine de gel!) pour boucler ce premier marathon en 3h21.

On prend la pause pour la photo finish avec des sourires qui en disent long ;)

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