Ecotrail 80km 2017
Samedi 18 mars. C’est le jour J pour l’écotrail de Paris. La prépa s’est (très) bien déroulée, avec pas mal de bornes à pied, mais finalement moins de volume (20 heures) qu’en 2015 si je compte le vélo (stravistix permet de faire ce genre d’exploitation des données de Strava). Plus de kilomètres, pas de myocrossmax ni de pliométrie. Mais je garde ces « analyses » pour plus tard…
Sur le parking de la base de loisirs de Saint Quentin, je me prépare tranquillement en compagnie de mes acolytes Christophe et Cyril. Je retrouve également Guillaume mon partenaire d’entrainement et collègue de travail. Nous avons prévu de faire course commune, comme en 2015, mais cette fois jusqu’au bout ;)
La météo s’annonce bonne avec un petit risque d’averse. Je vais donc voyager léger, short, tee-shirt et des manchettes.
Je garde dans mon sac une veste étanche waa emballée dans un zip-lock (histoire de ne pas la tremper avec ma propre transpiration), et 2 ou 3 barres en plus de celles rangées dans les poches avant.
Je pars pour cet ecotrail avec 2 flasques de 500mL. Une avec de la boisson isostar (en pastilles effervescentes), l’autre avec un stick de bicarbonate de la même marque.
Base de loisirs de Saint Quentin – Départ ecotrail de Paris
L’ambiance est plutôt détendue sur la zone de départ, remplie d’amis qui deviennent d’un coup un peu moins virtuels : Alexandre, Daddy the Bonito et la TMC bien décidée à rejoindre la tour Eiffel en moins de 8 heures.
A 12h15 le départ est donné dans le classique champ de patates. Le rythme est déjà soutenu, mais le terrain complètement plat pendant quasiment 20 kilomètres. J’essaye de contrôler un peu mon allure à l’aide du cardio, en ayant les 150bpm de 2015 comme référence. Pour le moment c’est un peu au-dessus mais mon lièvre – quand il ne s’arrête pas pour évacuer ses litres de Saint Yorre – cavale bien et nous avons décidé de jouer ! Cette portion est vraiment roulante et c’est une bonne mise en jambes.
Je suis pas contre très étonné de voir le nombre de coureurs très couverts (collant long, veste coupe-vent ou pluie). Il fait surement 12 ou 13°. Pour moi ils vont clairement dans le mur, augmentant inutilement la transpiration et les pertes d’eau et sel minéraux.
Nous essayons également de ne pas succomber aux chants des sirènes, les (plutôt) rares féminines en course, qu’il ne faut surtout pas essayer de rattraper et doubler en dehors de son rythme naturel, sous peine de sombrer un peu plus loin :)
Buc – 22,5km / 1h55 – 283ème
A l’approche du ravitaillement de Buc, je jette une pastille isostar dans une gourde et un stick dans l’autre pour ne pas perdre de temps au stand. J’avale quelques bouts de fromage, une banane et fait le plein de liquide, mais repart en moins de 2′ sans boire. Il nous a fallu 1h55 pour parcourir ces 22 premiers kilomètres.
Je ne me rends pas immédiatement compte de mon erreur, mais 15′ plus tard, la soif me rattrape et je puise presque la moitié d’une de mes flasques. Cela me fait un bien fou. Mais je réalise aussi que je n’aurai pas de quoi rejoindre Meudon…
Cette seconde partie va être interminable. Mais je le savais et il faut gérer cet enchaînement de montagnes russes, prendre son temps pour marcher quand la pente s’accentue et bien relancer sur le plat. Même si je suis forcé de constater que Guillaume monte beaucoup plus rapidement que moi. Je me refais un peu dans les descentes, malgré un orteil vraisemblablement un peu trop long pour mes Altra Olympus fraîchement reçues.
Il nous reste un peu moins de 7 kilomètres lorsque je tombe à sec. Mon pacer se transforme alors en porteur d’eau et sauve ma course. Cela fait quelques bonnes dizaines de minutes que je me rationne et me force également à manger des petites quantités, très régulièrement et malgré le manque d’appétit. Les barres passent difficilement mais la bonne poursuite de le course est à ce prix. Cela ira mieux plus tard et c’est toujours mieux que les gels frelatés de Guillaume :)
Meudon – 45km / 4h21 – 196ème
Les apprentis d’Auteuil sont enfin là et nous accueillent avec beaucoup d’attention. On approche ce ravitaillement en montant assez tranquillement les escaliers. Mon binôme est en pleine forme et bien motivé à l’idée de pouvoir enfin passer ce « cap » sans que ça tourne au vinaigre. De mon coté je suis soulagé de pouvoir refaire le plein. Je ne fais pas deux fois le même erreur et prends le temps de remplir me gourde, de boire et de me rincer la tête.
Les températures sont clémentes mais la transpiration s’accumule un peu et ce petit débarbouillage fait du bien !
Sans me croire tiré d’affaire, je sais aussi que la course va changer de rythme. Les points de passages sont maintenant beaucoup plus proches (10 à 12km) et le terrain de plus en plus roulant. C’est mentalement plus facile d’empiler les relais de 10 bornes, et je connais mieux les sentiers qui arrivent pour les avoir parcourus les semaines précédentes.
Nous traversons donc le parc du château Saint Philippe, puis celui de l’observatoire de Meudon. C’est franchement sympa avec la vue sur Paris en prime. Les kilomètres commencent à s’empiler. Nous rattrapons deux nouvelles sirènes sans y laisser notre peaux.
Je récupère progressivement de mon petit passage à sec et me dis que j’ai du prendre un « retard d’hydratation » qui va me suivre encore quelques temps mais la forme n’est pas si mauvaise.
Chaville – 55km / 5h31 – 157ème
J’arrive sur le terrain d’une autre course. La pause sera plus longue ici (3’40) mais le moral est bon. Meilleur que celui des Wondertraileurs Laurent et Christophe. Ils devraient avoir un ravito d’avance sur moi pour être à leur niveau. Mais les courses longues réservent souvent des surprises et ils leur faudra se soutenir et du courage pour oublier leurs espoirs de chrono et « simplement » rallier la tour Eiffel.
Les quelques gorgées d’Isostar me reboostent et j’essaye d’allumer quelques cartouches. Il est bientôt l’heure d’en finir. Mais les relances sont difficiles. Les jambes sont aussi déjà bien dures et Guillaume semble un peu en délicatesse avec ses barres périmées et peu enclin à grappiller un peu de temps dans les descentes ;)
Heureusement le Parc de Saint Cloud nous ouvre ses portes. Les grandes allées s’enchainent. Je regarde ma montre de plus en plus souvent et je nous vois bien boucler l’affaire en 7h50. Guillaume rouspète derrière et voudrait bien « gérer » un peu plus de peur d’exploser avant la fin. Mais il ne reste même pas 15 bornes !
Nico, un autre collègue nous fait la surprise de nous accueillir pour la dernière bosse, le fer à cheval. Et sous ses encouragements, Il passe plus vite ; beaucoup plus vite que lors de ma dernière sortie longue, alors que le dernier point de contrôle est devant nous. J’ai encore consommé le contenu de mes 2 flasques, sans me forcer, et surement un peu refait mon retard d’hydratation.
Parc de Saint Cloud – 68km / 6h48 – 128ème
Il n’y a pas grand monde ici. Le ciel est déjà bien sombre. Beaucoup plus que dans mes souvenirs de 2015. Gui Fav est là avec son appareil et nous offre de superbes souvenirs qui valent bien quelques secondes perdues. Je picore gobe 2 ou 3 quartiers d’orange, bois un peu d’eau gazeuse et repars à l’assaut de la tour qui semble nous appeler.
La fin est malheureusement trop connue. Une courte descente nous amène au musée de céramiques de Sèvres et au pont du même nom pour attaquer les quais. J’essaye une nouvelle fois d’allumer quelques cartouches, mais mon compère (ou plutôt son estomac) proteste bruyamment et mon ventre est aussi assez tendu mais encore sous contrôle. Guillaume n’arrête pas de répéter que « je peux plus rien envoyer« , mais l’allure tient la route, tant que le sol reste plat. J’aurais quand-même bien aimé courir un peu plus vite, mais les jambes ne semblaient pas décidées.
En plus un bénévole nous stoppe net. Il nous signale gentiment de sortir nos frontale et de prendre la montée. Là juste devant.
WTF ?!? Déjà que cette fin de course est dure, il faut en plus monter par une rue qui n’était pas au programme il y a 2 ans… Mais la perspective de passer la ligne d’arrivée reprend le dessus.
Une bonne bouffée de ciment au goudron plus loin, nous traversons l’île aux cygnes avant de prendre la pause devant celle qui nous nargue depuis près de 8 heures. Nous décidons quand même de rapporter un souvenir.
Tour Eiffel – Arrivée Ecotrail – 79km / 8h et 9 secondes – 122ème
J’ai un peu du mal à savourer ce final. Les sensations sont vraiment moins bonnes que la dernière fois. Mais heureusement le meilleur des comités d’accueil imprévu est là, en roller, basket, trottinette ou talons hauts pour partager les meilleurs foulées de la course.
Il ne reste qu’à sauter dans la dernière flaque du parcours et gravir les 347 marches qui me séparent du 1er étage de la Tour Eiffel. Je reprends quelques coureurs encore plus lents que moi et en profite pour discuter un peu alors que Guillaume se réveille pour me presser car les douze coups de huit heures ont déjà commencé à résonner. Mais l’essentiel est ailleurs.
Je suis surtout content d’en finir, d’avoir partagé ce moment et de l’effort produit. Il faudra revenir pour accrocher 7h45, le top 100 ou je ne sais quelle distinction. Mais l’essentiel est ailleurs (bis)
Cette course est sans difficulté technique, avec peu de dénivelé. Il faut juste courir, courir et encore courir. A chaud, j’avais dit « plus jamais. Trop dur ». Je n’ai pas trop changé d’avis. il faudra encore du temps. Tout comme pour la SaintéLyon, ces trails roulants demandent un engagement fort. Pour la même durée d’effort je trouve les trails « de montagne » presque plus faciles…
Mais j’aime quand même cette « version » du trail. Par ce que c’est de la course à pied, un sport d’endurance. Tout simplement.
Chiffres et Matériel de trail pour l’ecotrail 80
- Altra Olympus 2.0
- Oxsitis Pulse 7L + 2 flasques 500mL
- Barres « protéinées » Trek et Aptonia
- Boisson Isostar Power Tabs et Acid lactic stopper
- Short / Tee-shirt Runnosphère Salomon ;)
- Manchettes Compressport
Félicitations. Encore une gestion au top. A te lire on croirait presque qu’il est facile de s’enfiler 80km!!! :-)
mince ce n’est pas ce que je voulais retranscrire. Enfin pas que cette « facilité » apparente ;)
Super ! Bravo pour la perf et la célérité à en rendre compte. Joli duo. Ça ravive presque mes regrets de l’avoir manqué. Pour la dernière côte, tu aurais du me relire avant de prendre le départ ;) Bonne fin de récup’ !
Merci.
Et tant mieux si tu as apprécié ce duo. J’espère que je saurai toujours courir solo :)
Pour la « rue des gardes », j’ai du sauter ce passage dans ton récit. Trop concentré sur les 7h35 qui me semblent de plus en plus inaccessibles !
Sacrée belle course menée de main de maître du début à la fin, tu vrai travail de pro.Du gères tout de A à Z, l’année prochaine ce sera encore mieux c’est sûr.
Bonne récup à toi.
Merci Philippe !
Super Julien. J’ai l’impression en te lisant que cette course a été presque parfaitement gérée et ça fait plaisir pour toi. Effectivement, même si pour ma part je l’ai couru à la cool, je sais bien que ce type de trail est piégeur car tu peux sans doute bien envoyer et bien te dépouiller. Bravo pour ce bon moment de sport !
Marci. J’espère que tu auras pris de bonnes marque pour ton 100 bornes à domicile ;)
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Bonjour, très intéressant ce CR! Merci
Je note qu’il est indiqué 1,5l de réserve d’eau obligatoire…du coup vous êtes parti avec 1l en prenant le « risque » d’une pénalité c bien ça ?
J’hésite….
Merci de me lire, et de commenter !
J’avoue ne pas me rappeler de cette histoire de minimum obligatoire.
Surtout que sur l’ecotrail il n’y a pas de contrôle systématique des sacs avant le départ comme à l’UTMB par ex. Mais ce n’est pas le même environnement ;)
Pour mon allure et la météo, 1L suffisait à relier les ravitos et 500g d’eau, c’est lourd !
Après ça, le risque dépend du côté dissuasif de la pénalité encourue… (je ne joue pas le podium, donc un déclassement de 2′ ne change rien. Autant ne faire qu’une recommandation, d’apprendre aux gens à estimer leur temps de passage, )
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