A froid, mais avec encore des douleurs dans les cuisses pendant 5 jours, je n’ai pas changé d’avis !
Mais revenons un peu en arrière… vers 5h30, samedi 5 mai. Le réveil sonne à une heure assez habituelle pour moi, mais j’aurais bien dormi quelques heures de plus. Le temps d’avaler un gâteau énergétique Aptonia (au chocolat bien sûr !), je suis dans la voiture direction Voglans.
Il fait gris, et je me demande même un peu ce que je fais là.
Je dois faire la course (enfin au moins le départ, vu leur niveau et expérience) avec Doune et Lamiricoré, mais ce dernier est « out » :(
Tout seul, je ne me serais sans doute pas inscrit pour cette balade. Même si le partage via internet et les blogs est important, rien ne remplace les « vraies » discussions.
Après une petite heure d’autoroute, les montagnes pointent le bout de leurs cimes très enneigées. Après tout, début mai il y a encore des stations de ski qui sont ouvertes…
A la sortie du tunnel de l’Epine, la Croix du Nivolet est déjà là à m’attendre dans les nuages gris. Je n’ai pour cette course finalement pas trop de pression. Mais beaucoup d’envie. J’y vais pour prendre du plaisir pendant une bonne balade, profiter de la vue et prendre une première expérience sur le trail, le dénivelé positif, les descentes. J’ai déjà fait une course longue, mais plutôt descendante voire plate. Ici la durée sera un peu plus faible, mais l’effort différent…
Petite anecdote, j’arrive sur la parking à coté de Thomas Saint-Girons du team Asics ; Le temps d’échanger quelques mots, il semble vraiment très sympa et accessible. Même si on n’est pas vraiment dans la même catégorie (il joue la gagne), on repartira finalement en même temps le soir. Comme quoi il n’est pas si rapide :) – il finira 7ième en 4h47 à 17 minutes du vainqueur : Fabien Antonilos.
8H – J’ai retrouvé Doune en arrivant. Nous sommes en fond de grille en train de papoter avec 2 de ses collègues de club qui m’ont l’air bien affutés. Il n’est pas vraiment sorti de sa saison de ski alpi et m’annonce qu’il fera la course avec moi ce qui m’arrange bien finalement. Partager ces moments de course en direct est finalement ce qu’il y a de plus important !
Dans un semblant de planification, j’avais « découpé » le parcours en 4 parties :
L’ascension jusqu’au Sire (1558m) en 3 fois avec 2 petites descentes entre chaque étape : le Malpassant (978m/+700m), les prés sous la croix (1300m/+480m) et la Croix du Nivolet (1547m/+644m)
Le faux plat montant jusqu’au Revard (1538m)
La descente (800m de D- en 5km)
La fin, vallonnée…
Le départ donné ! Le trail commence par une petite montée… sur du bitume. Les 3 chablaisiens sont déjà à bonne allure pour ne pas se retrouver bloqués à l’entrée des sentiers. Ce sera un bon choix car on attaque rapidement la première difficulté.
Sur la route, j’annonce directement que j’aime pas partir si vite ; surtout pour 50km. En plus le cardio à froid fait des siennes, et me sort un bon 187 bpm (ma FCmax n’est pas si haute…) avant de se calmer. Il baisse un peu mais pas tant que ça. On verra. Je l’oublie pour le moment…
A peine le premier chemin de terre foulé, la pente d’accentue fortement. Mon guide attaque directement à côté de la trace en râlant, mais on double quelques coureurs et prenons notre rythme. La vue est vraiment belle ; le lac se dessine entre les branches des arbres et le vide se met en place progressivement sous nos pieds.
J’en profite pour essayer de prendre quelques images. Doune me lance un petit « hop – hop » ! Comme je me suis arrêté le temps de finir ma photo et me retourne tranquillement pour voir ce qui arrive à mon ami ; personne ! Je patiente un peu le pensant masqué par la végétation et en train de refaire son lacet, mais non. Disparu ! 30 secondes passent. Et le voilà qui m’appelle 200m plus haut. Le coquin a profité d’une coupe pour me déposer. Ça promet pour la suite…
Cette première bosse est finalement vite avalée. On profite vraiment de la vue. Un passage un peu plus raide est sécurisé par un câble façon via-ferrata mais ce n’est pas vraiment technique. Ce trail serait-il roulant ?
Ça redescend, Doune me fait le coup de la vielle blessure pour me redoubler… on ravitaille avant une courte montée. Le chemin est un mélange de boue et d’herbe où même mes Saucony Peregrine 2 glissent un peu. (il me faudrait surement des FellCross…). Pourtant les crampons ne sont pas usées, je les ai reçues mercredi..
Un petit coup d’œil nous permet de voir la croix de plus près. La vue est superbe. Elle est perchée 250m plus haut et le chemin ne part pas du tout dans sa direction ! Surtout qu’au lieu de monter, on plonge, direction la cascade de la Doriaz. Le coin est assez magique dans la forêt dense. Je passe en marchant tranquillement sur le pont au pied de la cascade pour profiter de l’ambiance, mais oublie de sortir la caméra. Il faut dire que mon compère semble pressé de se remettre dans le rouge dans la montée…
On mettra 50’ pour gravir les 4km et 600m de D+ (5’ au kilo, on se traine !)
A part ça, comme toutes les grosses demi-heures depuis le départ, je meurt de faim. J’en profite donc pour tester la nouvelle barre salée isostar « breztel / raisin ». Et bien ça a le goût… des bretzels. Et comme j’aime pas trop ça, forcément je n’ai pas vraiment apprécié. En plus c’est un peu trop sec.
La croix du Nivolet apparait entre les derniers arbres et on entend les spectateurs au loin. Dans les derniers mètres, c’est un membre de la Runnosphère (équipé de son tee-shirt de la concurrence : le Taillefer Trail Team !) qui est là ! VinVin20 nous fait une excellente surprise en venant à notre rencontre pour partager quelques kilomètres, appareil photo en main. Après une petite séance photo, devant un exceptionnel panaroma, nous laissons la croix et reprenons le chemin à 3. Doune commence quand à lui son chemin de croix contre son estomac qu’il tentera (sans succès) de soigner à coup de coca / eau gazeuse.
De mon côté tout va vraiment bien. La descente jusqu’au ravitaillement de la Féclaz se fait dans la forêt, la boue et la neige. Sympa ! Je ravitaille tranquillement à grand coup de saucisson / banane et recharge mes bidons à l’isostar. Pour l’occasion, je teste les comprimés effervescents pour reconstituer de la boisson isotonique. Problème, une fois le gros tube entamé, les tablettes ont de la place pour bouger et se sont coincées et réduites en poudre. Résultat, je me suis recouvert de poudre blanche à essayer de décoincer les comprimés, et au derniers ravitos, j’ai mis trop de poudre et un bidon était surdosé et imbuvable :(
VinVin20 nous quitte un peu avant de prendre les pistes de ski de fond encore un peu enneigées qui mènent au Revard. On est sur un grand faux plat montant. La partie de bluff continue avec Doune pour essayer de le faire avancer. Pas que je puisse partir en sprint, mais je suis en forme et ses relances se font un peu attendre… On trotinne ? oui oui, dans 2 minutes… après la bosse… dans la descente… On navigue de piste de ski de fond en singletrack dans la forêt, souvent sur la neige, qui rend les appuis un peu fuyant et surtout usant L’arrivée au Revard se fait par un petit raidillon court mais casse patte. Je profite du sommet pour faire une petite pause avec un bénévole qui me récupère la caméra dans mon sac et admirer le paysage en attendant. Doune arrive en 2 ou 3 minutes, mais toujours pas en état de profiter de la vue. Heureusement son fan club est là pour l’encourager avant d’attaquer la descente du Revard par le sentier de Pertuiset
C’est à ce moment là que l’on s’est perdu. Sans que je m’en aperçoive vraiment je lache Doune sans forcer. Les 5 kilomètres qui arrivent sont excellents. Après un court passage technique (12’28 – Attention à la caméra…) le chemin est plus roulant, même si la pente et ma prudence (bon ok peut-être la fatigue aussi…) font que je ne vais pas très vite (un peu moins de 30′ pour 4.4km et 750m)
Pour une première vraie longue descente en trail, ne sachant pas du tout comment mes jambes allaient réagir, je m’applique en essayant de m’économiser. Cela ne m’empêche pas de vraiment prendre du plaisir et de rattraper 2 ou 3 concurrents après m’être arrêté pour sortir la goPro ;)
Je me suis même retrouvé parfois seul pendant quelques temps. Peut-être une minute ou deux. C’est court mais finalement une sensation assez agréable, de se sentir un peu hors de la course…
40 kilomètres – C’est passé vite – Le dernier ravitaillement des Mentens amène un peu d’animation. Je prends le temps de refaire le plein de liquide (ce coup-ci sans trop me recouvrir de poudre blanche…) et de solide. Le saucisson est encore excellent et les oranges gorgées de sucres sont du pur bonheur. Surtout que la température a grimpé et qu’il fait bien chaud dans la vallée.
Je patiente tranquillement en engloutissant tout ce qui traîne sur la table, jettant quelques coups d’oeil sur le sentier qui descend pensant voir arriver mon compère, mais c’est un autre concurrent – collègue de boulot qui arrive.
On discute un peu et il me dit qu’il l’a doublé en haut, pas très rapide, mais qui avançait et qui avait l’air d’aller.
Du coup, après ces 5′ de pause dignes de Greg-Runner, je repars…
La fin du parcours est un superbe singletrack façon montagnes russes dans la forêt. J’ai encore du jus pour en profiter et grappille surement une bonne dizaines de places, surtout dans les montées.
A La sortie de la forêt, il reste 5km. Le dernier point d’eau de Mery me permet de remplacer mon bidon surdosé. Le temps aussi est à l’eau. Quelques gouttes accompagnent d’énormes éclairs. La croix a disparu dans les nuages noirs.
Les derniers kilomètres sont aussi moches que les premiers étaient beaux et je me traine dans les montées. Les 300m de D+ du 48ième kilo n’arrangent pas mon affaire et je me fait un peu doubler, faute de motivation ; je sais que je finirai ce trail et je me relâche un peu…
La pluie s’intensifie, mais l’arrivée est là. Presque uniquement pour moi. Vincent me surprend encore une fois en étant présent malgré les gouttes pour m’accueillir. ça me fait vraiment plaisir de partager la conclusion de cette belle balade avec un ami.
Je passe tranquillement l’arche en marchant pour en profiter encore un peu. La course est passée tellement vite…
Chouette récit c’est cool d’avoir ton récit après celui de l’homme dans le dur ;) il va falloir qu’il se bouge le cul, je dis ça je dis rien :)
super recit.
ca donne envie d’y etre et puis ca semble tellement facile en le lisant…
Très beau CR ! Je trouve intéressant que tu réussisses à digérer le saucisson en courant. Cependant,ta stratégie d’alimentation durant ce trail a semblé bien fonctionner.
Voila, maintenant je sais tout ce qui s’est passé avant et après notre rencontre à la croix! Tu as fait une belle course, tu peux être fier de toi!
En conclusion : vélotaf+nutella,ça paye!! ;)
Merci !
ne vous inquiétez quand même pas trop pour Doune. méfiez vous-en même ;)
ce trail à du le piquer un peu et le retour de baton du ski alpi va vite se faire dans le bon sens…
@JB : le plus dur est toujours l’entrainement. Après tout est plaisir.
Mais il faut effectivement s’appliquer avant. Il faudra que je reparle un peu plus en détail de ce savant mélange de vélotaf et nutella !
Beau C.R., çà me conforte dans mon souhait de dépasser les 42kms mais sur terre et avec du dénivelé. ce sera à moyen terme.
Bonne récup.
Vraiment sympa le CR et ces moments de partages avec le facétieux Doune et Vinvin20 venu pour vous encourager, font vraiment plaisir à lire.
Quoi, tu n’as passé que 5min aux ravito! ;-)
Bon, Doune s’empatte on dirait. Bravo! Tu l’as décroché…
PS: la poudre Isostar, on est d’accord, tu ne le sniffes pas, hein?…
En tout cas, bravo pour cette course!
5′ c’est juste sur le dernier.
Au deuxième je me suis fait engueuler par Doune par ce que je traînais.
Forcément, il ne bois pas et mange pas alors il va plus vite…
Mais il loupe le festin !
Un bon récit et une belle course en duo avec Doune. Félicitations.
[…] isostar, powertabs, runnosphère, test 3 Comments J’en ai parlé brièvement dans mon dernier compte-rendu du Nivolet, mais voilà un peu plus de détails sur mon « alimentation » et […]
c’est toujours sympa de relire ce genre de CR… après l’avoir vécu en live !
Reste que l’an prochain je ne referai pas la meme erreur et prendrai un bon mois off entre les skis et le retour sur les sentiers.
où alors il faudra plus anticiper avec quelques footing et des séances de piste avant la fonte des neige. ça t’évitera de fondre une fois arrivé au sommet !
Mais on recommence le petit jeu quand tu veux ;)
[…] Le Récit complet est disponible ici : https://mangeurdecailloux.com/nivolet-revard-2012-compte-rendu/ […]