Finisher CCC 2019
De Courmayeur à Chamonix en passant par Champex, la CCC est un ultratrail faisant le demi tour du Mont Blanc, une petite soeur de l’UTMB qui fait le tour complet.
Retour sur l’ultra : bonjour UTMB
Ce n’était pas mon premier ultra-trail. J’ai vécu en 2015 un inoubliable moment du côté de Grenoble, sur le même type d’effort que ce dernier week-end d’aout. Mes autres courses sont à mon (modeste) niveau trop courtes pour entrer dans cette « catégorie » d’expérience. Celle qui donne des frissons, qui laisse des traces indélébiles. Déjà que ces 21 heures sont passées à vitesse grand V…
Mais ces traces il faut les digérer, en avoir envie. Alors après 4 années, la chance a fait que j’ai pu satisfaire cette envie d’ultra, cette envie d’aller revivre de profondes émotions, d’aller me frotter à des sensations parfois inconfortables, parfois grisantes. Alors je suis allé courir la CCC.
Quelques jours après cette course, c’est encore un mélange de frustration et de satisfaction qui m’habite.
Les sensations sont très différentes de l’UT4M. Pour ce morceau d’UTMB, je savais où j’allais en terme de difficultés, de moments difficiles (c’est peut-être pour ça que j’ai attendu 4 ans) mais j’étais assez bien préparé, un peu plus expérimenté. Et aussi peut-être un peu trop confiant ?
Pour ce genre de course, même si le chrono est omniprésent, je ne recherche pas LE temps. Je suis d’ailleurs bien incapable de gagner ou de faire une perf. Mais j’aimerai toucher le sweet spot, vivre l’Expérience, le runner’s high, un frisson ; appelez-le comme vous le voulez !
C’est comme une vibration qui dure, vous transporte le long du sentier. En tout cas les mots sont difficiles à trouver.
A chaud cette vibration a été trop courte, trop morcelée. Et même si dans cette semaine post UTMB où la musique de Vangelis tourne en boucle sur mes réseaux sociaux, je pense parfois qu’il me manque une nuit d’effort pour vraiment en profiter…
Heureusement la raison et les courbatures existent.
Et demain je ferais surement le choix de courir sur un format similaire (moins de 24 heures de course), pour aller voir si cette vibration existe encore.
Mais trêve de philosophie poétique de comptoir.
J’ai couru la CCC 2019 et c’était bien ! Une grosse partie de ce roman photo d’ultratrail a été écrite le samedi après la course, au milieu des finishers de l’UTMB, avec la tête et les jambes encore chaudes de la balade, bercé par Conquest of paradise… alors soyez indulgents ;)
Récit de course
Je suis allé en Italie voir le Mont Blanc, sous le soleil dans une incroyable ambiance de fête.
Je suis passé à la télé grace à Rodrigo au sommet de la Tête de la Tronche. Mais surtout j’ai adoré admirer les paysages de cette section, naviguer sur les sentiers en balcon entre les refuges Bertone et Bonatti.
Mais j’ai du souffrir sans m’en rendre compte de l’altitude, malgré un départ presque prudent dans un peloton aussi dense que sympathique. Il faisait chaud, mais sans que ce soit excessif. On peut dire que les conditions météo étaient parfaites !
En allant vers Arnouvaz, J’ai partagé des myrtilles sauvages au bord du chemin avec un lituanien, avant de monter doucement le Grand Col Ferret.
A chaque ravitaillement, j’ai cherché les caméras de livetrail pour faire passer des messages à mes filles.
Dans le toboggan géant descendant vers La Fouly, j’ai pris du plaisir à courir. Mais avec un coeur qui partait en tachycardie sur les petites relances montantes après chaque portion roulante, j’ai fait des pauses, j’ai cogité.
Entre la frustration, l’inquiétude pour ma santé et la vidange des réserves de glycogène que cela entraine, je me suis demandé s’il fallait continuer.
Alors j’ai attendu. Pendant cinq heures. Laissant passer les coureurs par wagons entiers (1h30 pour monter 500m entre le point bas de la route de Ferret et le ravitaillement de Champex – Lac), soignant mon alimentation et mon hydratation à base de bouillon de vermicelles, de pastèque et d’eau. J’ai aussi pris un gel pour bien alimenter le cerveau en carburant.
Mais surtout j’ai écouté mon corps qui semblait dans un état stable, quand je ne le poussais pas trop. J’ai pensé que ma mère allait m’engueuler, que ma femme allait s’inquiéter, alors j’ai essayé d’être prudent.
Et puis j’ai fait des photos. Mais pas assez. Et aussi un selfie avec une vache. Je suis allé en Suisse, voir des beaux chalets décorés de nains de jardins. Heidi n’était pas là.
La nuit portait beaucoup d’espoirs de fraîcheur, de spectable, de silence. Pour la rejoindre, il fallait passer par le lac de Champex et sa montée par le sentier didactique des champignons, où 3 fois j’ai du m’assoir pour récupérer.
Et puis progressivement les sensations sont revenues, et avec la forme, le moral. J’ai tenté de prendre la moitié d’une compote (qui depuis quelques heures m’écoeurait avant de l’ouvrir) et elle m’a fait du bien. J’ai repris confiance en ma prépa ; le moteur a lâché mais la carrosserie semblait solide.
Ma vitesse moyenne qui restait malgré tout dans l’objectif me rassurait. Alors j’ai couru. J’ai pris du plaisir. j’ai été lent en montée. J’ai rêvé d’une remontada en descente.
J’ai pris chaque point de passage individuellement. Repoussant de mon esprit les visions du parcours complet, le calcul des heures et du chemin restant à parcourir.
J’ai mangé des vermicelles pour courir comme ma gazelle. Et la nuit est arrivée. Chaude, belle, étoilée à la fin. J’étais persuadé d’aller au bout.
Au col des Montets, on m’a dit de suivre les étoiles et d’aller les toucher. Certaines bougeaient le long de la pente alors j’ai dit aux bénévoles que cela me semblait à la fois fascinant et terrifiant.
La tête aux vents était calme ce soir. Il faisait frais à plus de 2000m, mais en maintenant un peu l’effort, J’étais bien en tee-shirt.
Sur l’interminable plateau sommital, Mangeur de cailloux est passé proche de l’overdose de cailloux dans ce secteur. Et puis j’avais imaginé une descente plus roulante, presque tranquille une fois cette dernière difficulté passée.
Et puis je suis arrivé à Chamonix un peu avant 6h30 du matin, accueillit par mon pote Greg de Trail & Running (attention promo : il exerce comme coach running et saura vous accompagner pour préparer ce genre d’ultra qu’il a déjà couru)
Il y a encore beaucoup de chose à écrire, 120 photos à trier, du matériel à monter. J’essaye de vous mettre tout ça dans un autre article d’ici peu.
Merci pour vos très nombreux messages !
Wow ! Tout un billet ! Bien hâte de lire la suite…
Merci François. Je vais essayer de donner un peu plus de détails « à froid » prochainement !
Merci pour le CR. Ça donne à réfléchir et à rêver!
Merci Armelle. J’aime bien écrire ici en pensant que parfois cela pourra donner des idées de sortie, course…
Bravo Julien !! Cet ultra n’a pas l’air d’avoir été une partie de plaisir et en même temps tu es allé au bout !! Ca doit faire un petit quelque chose quand même !! Top le passage à la tv :D J’ai hâte de lire la suite.
Merci chef Elodie !
Le plaisir a bien sûr été de la partie. Parfois en course, parfois après :)
Excellent récit à chaud ! J’en déduis qu’il y a eu de belles batailles dans le cerveau. Félicitations de l’avoir fait et d’avoir gagné les batailles.
Merci Luc. L’assaillant a été vaincu malgré de nombreuses attaques et coup-bas :)
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